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Histoire de plume, plume de lune
Histoire de plume, plume de lune
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1 mars 2012

QU'Y A T-IL DANS L'ART? Petite approche de l'art tout en rapprochements - 2ème partie

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Il y a des étrangetés dans l'art qui ne doivent rien à l'imagination de l'artiste: il lui a a suffit de rencontrer le bizarre incarné par une Antonietta Gonzalez à l'aise sous nos yeux étonnés, en chair et en os, et plus en poil, cela saute aux yeux dans ce tableau peint vers 1595 par Lavinia Fontana. La parure aristocrate donne aux Aristochats ses origines et voyez...





 … sa lettre de noblesse!



 et il y a ce tableau espagnol de Jusepe Rivera datant de 1631 devant lequel on peut rester plus perplexe. Est-ce un homme hermaphrodite qui l'allaiterait son enfant? Avec son allure de pope, ça paye...




  Non, c'est une « femme à barbe » qui semble nous dévisager en assumant totalement sa bizarrerie, son mari à ses côtés plutôt inquiet, du jugement du spectateur?  Vent tuera t-il son être et son engeance? La femme s'appelle Madeleine Ventura...

 

 

6

 

 Il ya  les mains en prière, ou en receuillement de Dürer... dont les veines visibles sillonnent tel un fleuve ramifié et convergent vers ce qui serait à la foi la source et l'océan d'amour et de lumière

 

 et il y a la «Cathédrale » de Rodin, une main d'homme et une main de femme en synergie, le féminin et le masculin se rencontrant, se touchant à peine, pour former une voûte sacrée, un édifice comparable à une cathédrale; d'où le titre provocateur de cette oeuvre révolutionnaire, puisqu'on était habitué à des sculptures d'hommes sur pied ou des bustes, et que là étaient montré des mains prenant une indépendance pour devenir sculpture à part entière et temple de "chair". Et on peut y voir tant de choses: une invitation à la danse, une communion en silence qui pourrait faire référence à ces vers de Baudelaire (dont il a fait le buste et utilisé dans une autre sculpture des vers inscrits sur le socle): "La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles". Une ode à la pureté originelle, à l'amour, au silence à la lumière et à la nuit d'où elles sont sorties.

  

   On parlait de synergie , et il est étonnant de faire le rapprochement avec les mudras indiens, gestuelle énergétique, méditative et symbolique, qui a pour étymologie "Signe" et "Sceau" et qu'on retrouve dans l'art bouddhique, qu'il soit khmer

ou japonais

(voir Vitarka-Mudrā Bouddha japonais au Musée Cernuschi à Paris,  image Wikipédia à l'article Mudra

 

mais aussi... Chrétien, plus précisément ici byzantin. - Bizarre!



7

 

Il y a La dame à l'hermine de Vinci...

 

...et il y a L'homme au mouton de Picasso

 

 

 De la douceur sous le pinceau, de la rudesse sous le burin.
  La femme est Noble et il y a de la noblesse dans le paysan.
  Les animaux et leurs divers usages découvrent l'homme sous différents visages.

 

8

 

 Il  y a la Vénus de Milo  … euh de Botticeli...

800px-Birth_of_Venus_Botticelli

 

  et il y a la vénus de Miro!





      Dans les deux oeuvres, l'une en plein air, l'autre confinée, il y a des arabesques fleuries,
     Les canons de beauté sont subjectifs: à la vénus de Botticelli qui nous paraît plus charmante, Rimbaud lui trouvait un ulcère à l'anus. Et celle-ci alors! cette sorte de Naissance de Vénus sur le tapis, cette "Vénus"seule, qui n'a aucune raison, elle, d'être pudique, cette "Vénus" dont le corps et sa pose semblent si grossiers et crus et qui pourtant s'harmonise étrangement aux motifs et se fond presque dans le décor diapré, ne serait-elle pas pleine de poux et de puces?

9

 

 Il y a un regard lointain, intérieur, cette présence vivante, douce et chaleureuse – comme sa couleur de peau – d'un scribe egyptien venant on dirait du fond des âges et qui semble pourtant si proche par sa forte présence. N'est t-il pas perdu dans des visions d'un passé et futur lointain? De l'Atlantide à 2012? Qu'écrit-il ou sur le point d'écrire?

 

 Et il y a l'une de ces femmes de la noblesse de l'île de Jaïna, appartenant à la civilisation Maya,   immortalisée aussi sous  nos yeux, et qui de même assise en tailleur, ne fait pas le même effet. Elle est bien campée dirions-nous. L'artiste a su rendre par des disproportions et l'attitude  toute sa prestance et toute la mesure de son auguste position sociale. Ainsi, elle semble une pythie amérindienne qu'une bouche fendue, comme chez toutes les femmes de noblesse de l'île, rend plus mystérieuse et indique avec force qu'elle a la force de la parole prononcée, de l'oracle.

 

img681

 

 Ce scribe acrroupi, sensiblement de la même période (2475 av JC), semble si animé et proche qu'on peut se l'imaginer nous tendre une poignée de main ou nous parler.


Tout dépend peut-être de l'angle de vue et de la lumière...

Dans tous les cas, on peut lui trouver une animation proche de celle de cet autre femme noble de l'île de Jaïna:

 

 

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Il y a ce rituel entre deux hommes de l'antique Suse en Perse, des chefs peut-être, dans ce bronze moulé du XIIème siècle avant JC, moment solennel entre celui qui donne et celui qui reçoit, dans un accroupissement d'honneur et de reconnaissance devant son semblable, son égal, son miroir.




Et il y a, dans ce champ visuel resséré, concentré, cette entente, cette accord physiquement scellé par une main sur l'épaule, entre deux adversaires en armes, deux généraux de leur armée à leur côté. Par l'artifice de deux chevaux, l'un de face au premier plan, de dos, l'autre de face au second, chacun appartenant à un camp;par l'artifice de deux hommes au premier plan à gauche (dont l'un nous contemple de biais), et l'amas du camp adverse brandissant leurs lances en repos... se forme une croix dont le centre se trouve sur le point focal de l'oeil  du peintre: cette réddition du vaincu avec le respect du vainqueur , – instant de solennité pleine de chaleur, croqué par le génie de Vélasquez. Et sous ce ciel de paix bien nuageux fume encore sur le champ de bataille le ravage du dernier boulet de canon...


730px-Diego_Velázquez_063
 



 

 

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  Il y a - écho entre deux peintures du même peintre - une femme à une fenêtre ouverte sur la mer tandis que le vent secoue les rideaux et ses cheveux, caresse sa peau nue et sa robe soyeuse moulant des fesses rondes comme des pommes bien fraîches, bien sucrées et bien juteuses.

Personnage à une fenêtre - Figura en une finestra - 1925,- huile sur toile 103x73,5cm - Museo Nacional Reina Sofia, Madrid

 Et il y a cette femme, cette femme qui est la compagne et la muse du peintre, et se nomme Gala, représentée de dos elle aussi, mais complètement  nue, face à une grande ouverture en forme de croix, comme une fenêtre ouverte sur le ciel éclatant de couleurs où flamboie un christ suspendu sur une croix invisible. Cette fenêtre a comme encadrement mural des pierres cubiques de couleurs différentes et nuancées pour beaucoup.  À gauche du pied de Gala  pointé tout pareil à celui sur le tableau précédant peint bien avant sa rencontre, apparait une réplique approximative de la femme de Dali en  miniature qui regarde par la fenêtre cubique lumineuse à sa hauteur - miniature elle aussi -, et sur un cube illuminé à côté d'elle apparaît - encore en miniature - un visage...comme sur un écran de télévision... Et miracle! en regardant de loin le tableau – tel une peinture impressionniste – cependant à moins des vingt mètres que le suggère le titre - le même portrait apparaît, grâce à cette touche surréaliste et excentrique: un cube noir en guise d'oeil droit qui fait chapeau sur la tête de Gala. Le portrait est de trois quart. Il s'agit, que ce soit en petit ou en grand, du président américain Lincoln. L'encadrement foncé de la fenêtre dessinait son bouc typique.  Le tout est un chef-d'oeuvre galactique.



  1976 - huile sur toile -252,2x191,9cm -collection Minani Group, Tokyo

 Enfin, dans la simplicité ou la complexité, dans le réalisme ou le mysticisme, les deux oeuvres laissent un même mystère: que voit la femme que nous ne voyons pas à part le christ en croix au dessus de la Méditérannée, suspendu comme un soleil?

 Je m'imagine bien sinon devant cet autre tableau de son amoureux fou:

La main de Dali retirant une Toison d'or en forme de nuage pour montrer à Gala l'aurore toute nue très, très loin derrière le soleil

1977 huile sur toile - oeuvre stéréoscopique en deux éléments de 60x60cm. Fundacion Gala-Salvador Dali, Figueras

 

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 Il y a cette stèle antique de la victoire de Narram-Sin (2254-2218 av JC), roi d'Akkad en Mésopotamie, dont la forme en pointe renforce l'ascension du roi triomphant. Celui-ci couvert de tous ses attributs royaux marche littéralement sur ses ennemis servant d'escalier de l'apothéose symbolisée par la longue trompette dressée et sonnant à sa gloire. Celle-ci est accentuée par la présence de deux soleils. C 'est le seul point drôle de cette image efficace comme une publicité et d'une beauté esthétique indéniable: le nom du roi vainqueur  porteSin, la déesse de la lune...

 


et il y a 4000 ans plus tard  l'image du royalisme piétiné et de la démocratie triomphante incarnée par une femme populaire: Marianne, mascotte née dans une civilisation où domine à travers toutes ses madones le culte à Marie, aux côté de son fils sur la croix. Delacroix, tel est le nom justement de ce peintre coloriste. Ici,  ce n'est plus le triomphe archaïque d'un roi barbare mais celui d'une idée, d'un idéal: liberté, égalité, fraternité. Au moins l''idée de liberté est exaucé sur le champ par la poitrine de Marianne se découvrant sous nos yeux, pour le bonheur du peuple libéré, surtout les hommes...Le passé est piétiné, ses morts avec. À côté du drapeau bleu blanc rouge des français brandi  et flottant dans le feu et le sang de la Révolution, l'enfantGavroche donne la pétarade à cette victoire.

757px-Eugène_Delacroix_-_La_liberté_guidant_le_peuple

 

 

13

 Il y a la représentation compacte du Serpent à Plumes, plutôt aérien, du nom de Quetzalcoatl, ou "serpent à plumes de quetzal", vénéré dans cette incarnation par nombres peuples du Mexique ancien comme  « le maître de l'étoile de l'aube », c'est à dire Vénus, celui qui apporta aux Mayas, aux Olmèques, aux Mixtèques, aux Aztèques et surtout aux Toltèques (non, pas les Pastèques) autant les livres que le maïs, celui enfin qui est le maître du temps par le don du calendrier et un symbole de mort et de résurrection, - l'idée de cycle étant prédominant –  et aujourd'hui, son retour est fort attendu par certains, en tant qu'instaurateur d'une nouvelle ère pour l'humanité - les différents états évolutifs suivant du dieu l'y encouragent on dirait...

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Quetzalcoatl aztèque

quetzalcoatl-vatican-Musei-Vaticani-XVe

Musée Vaticani XVème s.

 

Quetzalcoalt émergeant du serpent à plumes

Quetzalcoalt émergeant du serpent à plumes

 

 Et il y a, plus prosaïques, et pourtant plus colorées que Quetzalcoatl, les compressions de voitures de César, empereur de la « récup » et de la critique de la société de consommation, et qui a pour vocation de faire porter un autre regard sur un objet de notre quotidien  des plus banals.

cesar_1962

Compression de voiture, Ricard, 1962  César - Compression dirigée d'automobile 153 x 73 x 65 cm;  MNAM, Paris.

Le "César", célèbre trophée en or ayant pris le nom de son créateur et remis à chaque nommés gagnant d'un prix cinématographique découle de cela; il est plus beau, pas choquant du tout, mais est-il pour autant plus authentique?

Bref, de cette confrontation entre Quetzalcoatl et les compressions de César, on pourrait conclure, à la manière du surréaliste André Breton dans L'Amour fou qui parlaite de beauté convulsive: La beauté sera compacte ou ne sera pas.

 

14

  Il y a la représentation sans doute de la plus ancienne rosace ou fleur de vie connue qui repose au fond d'une assiette datée d'environ 6000-5100 ac JC, trouvée au Proche-Oriente, et dont les rebord étaient tous émaillés d'un damier multicolore.

 

 

Et il y a l'une des plus flamboyantes et gigantesques rosaces du monde dans un vitrail de la cathédrale de Chartres, de style gothique. On dirait donc que celle du Néolithique est de style roman...

 

Au coeur d'une assiette ou d'une cathédrale, ces  oeuvres rendent secrètement hommage au flocon de neige ou à la narcisse des poètes.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
C
Merci pour cette promenade dans ton musée personnel avec un regard original sur des oeuvres très variées. Je ne comprends pas toujours la démarche, mais je me laisse emmener avec plaisir dans cette découverte. J'apprécie les discrètes pointes d'humour et l'érudition sans pesanteur. Je reviendrai pour visiter la suite.
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Histoire de plume, plume de lune
  • Stéphane Gentilhomme, 39 ans : UN POÈTE français du XX-XXIème , UN ÉCRIVAIN aux multiples quêtes (de forme et de fond) et plein d'humour. UN ARTISTE panaché qui explore l'âme et différents étages de l'être. Public Ad 90% , E, 10%)
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