Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Histoire de plume, plume de lune
Histoire de plume, plume de lune
Derniers commentaires
Archives
12 janvier 2015

Du bon usage de la liberté

 

 

DU BON USAGE DE LA LIBERTÉ

 

On est libre de provoquer un chien. Il y aura une réaction de l'animal en conséquence. Si c'est un chien méchant ou si le chien garde la maison, elle risque d'être dramatique.

Je me souviens, enfant, au bord de la mer, il y avait un chien-loup en cage. Moi qui adorait les animaux, inconscient du danger, je me suis approché. Lui aussi. Je lui ai fait un bisou sur le nez. Il me le mordit. Ce fut un choc pour moi, l'incompréhension totale. Heureusement, on m'expliqua par la suite que ce chien n'était pas méchant, mais qu'il gardait le sac de sa maîtresse. On pourra toujours se demander ce que faisait un chien-loup en cage, en un endroit public et gardant le sac de sa maîtresse, mais le fait est là.

Autre souvenir : je m'amusais enfant à tuer tout les bourdons sur la pelouse. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que je croyais les bourdons ennemis des abeilles sur lesquelles j'avais fait un exposé au collège, ou parce que j'en avais peur. J'étais plutôt aimant envers les bêtes. Mais les bourdons, j'eus l'idée fixe un jour de les tuer, et de les mettre en tas, jusqu'au jour où en les comptant, l'un en principe mort me piqua le pouce lorsque je le saisissais de deux doigts. J'en fis une fable bien des années après.

Pour revenir à l'exemple du chien. Adulte, n'est-on pas les premiers à mettre en garde nos enfants contre le danger que peut représenter un chien, surtout s'il est inconnu, et surtout s'il garde un territoire ?

Maintenant, même si ces exemples sont caricaturaux, ils mettent en évidence que la liberté sans son bon usage peut-être assez catastrophique, et que l'ignorance et l'inconscience jouent beaucoup dans des actes inconsidérés.

Adultes, n'agissons-nous pas parfois comme des enfants au nom de la Liberté ?

Un grand mot sans son bon usage, sans son conscient usage, peut tuer. Et l'ego nous aveugler qui persiste à dire: «J'ai le droit ! »

D'un homme ou un groupe d'homme dangereux provoqué inconsciemment, on ne peut pas attendre grand chose de plus que l'on en attendrait d'un chien qu'un portail nous aura prévenu d'être « méchant ».

La liberté – dans les limites des Droits de l'Homme – est un droit qui ne peut être exercé sagement que sous un devoir de responsabilité qui ait pour credo : avant d'agir avoir la connaissance de l'objet sur laquelle elle s'exerce et, en fonction, la mesure des conséquences – quand on le peut – possibles, probables, voir sûres.

Aussi, compatissant à la douleur des proches des victimes et sans donner raison aux malfaiteurs (il manquerait plus que ça!), le plus étonnant de cette histoire est qu'on s'étonne d'avoir été fatalement mordu...

Je ne peux attendre la fin du deuil de proches des victimes, ni de tous qui ont été frappés tout comme moi, pour dire ce qu'il faut dire, afin d'éviter, sous le couvercle de nos émotions, des erreurs de jugement et un manque de discernement qui peuvent nous coûter beaucoup. La peine ne doit pas nous empêcher de se remettre en question s'il y a lieu comme je le pense. C'est à toute la France et au monde qu'est destinée cette page, comme d'autres. Pour qu'on use de notre liberté avec plus de prudence, de conscience, d'intelligence à l'avenir. Il n'y a pas besoin à tout prix de montrer qu'on est libre pour l'être. La liberté est avant tout et en premier lieu affaire intérieure. Un état intérieur. Si ce n'était pas le cas, l'écrivain Jean Giono ne se serait pas «évadé » de prison en voyageant dans les paysages imaginaires qu'il vit sur les murs. Bien sûr qu'en revanche, on ne peut cautionner d'être empêché par exemple de peindre comme le fut Emil Nolde par les Nazis, ce qui le rendit dépressif. Mais ne faisons pas trop d'amalgames entre le passé et le présent, soyons prudents. Car entre s'attaquer volontairement à une « image » religieuse millénaire de la manière la plus provocatrice et faire un art authentique sans vouloir s'attaquer frontalement aux Nazis qui l'ont mis à l'index comme «art dégénéré », je trouve qu'il y a une différence. Et, je ne vois pas de commune mesure entre un Nolde qui alors, au risque de sa vie, réalisa une « œuvre non peinte » en cachette (aquarelles rapidement exécutés) et un journal qui fait de la bravade avec une opiniâtreté imbécile et revancharde.

En conclusion, la sacro-sainte « liberté de la presse », qui ne représente pas toute la liberté d'expression (n'en étant qu'une forme, un moyen, une facette, et d'usage public – et pour quels effets ! bien souvent, en dehors de notre fait) est à prendre avec des pincettes.

Quant à la « liberté d'expression », elle-même, j'en connais assez de par ce qu'on ait voulu m'en priver – et pas du fait de ceux qu'on dirait de partis anti-démocratiques, pour dire qu'elle est assez menacée au plus proche de nous, et pour des vétilles. Et d'autre part, que dire d'une « liberté d'expression » qui malheureusement sert les intérêts de partis anti-démocratiques et qui veulent un régime où cette « liberté d'expression » si chère à nos yeux aurait pâle figure ? Et qu'elle est belle la « liberté d'expression » s'il n'est pas préférable parfois, vu les retours à celle-ci, de choisir la liberté de se taire ?

Là encore, c'est une expression vide de sens si on n'y met pas la conscience d'un côté, et si elle n'est pas circonscrite de l'autre. .

Que la paix soit en tous.

 

Aube de l'Étoile

Publicité
Commentaires
Histoire de plume, plume de lune
  • Stéphane Gentilhomme, 39 ans : UN POÈTE français du XX-XXIème , UN ÉCRIVAIN aux multiples quêtes (de forme et de fond) et plein d'humour. UN ARTISTE panaché qui explore l'âme et différents étages de l'être. Public Ad 90% , E, 10%)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité