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Histoire de plume, plume de lune
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13 février 2009

Mon Dauph

MON DAUPH

 

 

 

   

 

     (Entrée en dansant et en chantant, avec ou sans walkman : « Non y’a n pas que d’l’amour…Ca non… Non y’a pas que d’la mour à vendre…  ca oui ! Y’a d’la haine ! » des Rita Mitsouko. Arrêt face au public. )

 

   

 

    Ah ! le con !

 

   Il m’a dit mon dauph, à l’heure qu’on est en pleines grèves, et manifestations pour nos droits au service publics, pour la sécurité de l’emploi, pour l’augmentation de nos salaires, etc… : Le jour où on manifestera pour nous dans la rue, peut-être bien que les choses changeraient. J’lui ai dit : « tu déconnes ! tu nous vois dans la rue manifester pour vous ? Vous n’êtes même pas dans Les Droits de l’Homme.  Il me dit : « A force de penser à vos petits intérêts personnels de petits bonhommes sur terre, vous oublier le G I »  « Quoi ? » je dis. Il me fait : « Bah oui le Grand Intérêt. Celui non pas d’une partie contre une autre, mais celui de toutes les parties ensemble. Tenez, nous on veut du poisson et en grand nombre, admettons : on veut une orgie de mulet. Eh bien plutôt que de se disperser dans les quatre coins de la mer pour chasser chacun sa tripotée de fruits de mer, on se dit : Eh ! on veut un festin ; nos amis les hommes à l’autre bout sur la côte veulent pareil que nous, ils nous l’ont fait savoir : allons-y ! Nous en rang venant du large, eux faisant barrière sur la côte avec leurs filets –  c’est dans la panse ! En plus qu’est-ce qu’on s’amuse ! »

 

  Ah les cons ! pendant que nous on sue plus au travail pour gagner pas plus vue le prix de la vie et tout et tout, eux les dauphs ils n’hésitent pas à faire un millier de kilomètres tous ensemble pour prendre quelques kilos et en plus de ça, ils font mumuse!

 

  Ah les cons !

 

  Ah oui, j’vous ai pas parlé du début. Je vous parle de mon dauph, comme ça, mais mon dauph, il n’a pas commencé par me dire ça que je vous ait dit au début. D’ailleurs il n’a pas commencé par me parler comme ça, sans tambour, ni trompette : « Salut, c’est moi ton dauph : écoute-moi… » Non, y’a un début à cette histoire comme dans toutes les histoires. Je vous raconte. Voilà comment tout a commencé.

 

   Un jour, enfin un soir que j’avais grandement inondé la terre de mes larmes... Je ne vous dis pas pourquoi parce que vous risquez d’inonder la salle. Larmes ou pisse, je sais pas, mais le résultat sera le même. Oui alors. Un jour que mes larmes avaient grandement inondé la terre, j’étais si colère que j’ai voulu changer de nom. J’avais mal, si mal que je ne voulais plus m’appeler Stéphane Gentilhomme, d’autant plus que j’avait trouvé mon homonyme. Bah oui, ça arrive.  Alors j’ai pensé à des noms comme Rémi Nonos. Rémi à cause que je fais un peu Sans-Famille sur les bords. Nonos, parce que ça sonnait bien et que je voulais garder un petit bout de mon nom d’origine : Stéphane, qui se dit Stéphanos en grec. Bon. J’ai pensé aussi à Rémi Esdéef. E. S. D. E. E. F. Rémi, vous savez pourquoi. Esdéef, vous devinez pourquoi. Et puis j’étais près à faire un grand compromis en me renommant en toute sobriété : Stéfanos Gentilhommos. J’étais décidé à aller remplacer ce que je considérais désormais que comme un nom administratif : Stéphane Gentilhomme par Stéfanos Gentilhommos. Et puis là. Là. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Un nom s’est imposé à moi. Un flash dans ma chambre noire : Bobo. Bobo… je rigole. « T’as mal où ? » que je lui dit : « A la matrice »,qu’il me dit. Ah ! l’amatrice ! T’es amatrice de bobos c’est ça ? Bobo ici, bobo là… « Bobo » qu’il me dit : Oui, Bobo a bobo, j’ai compris. Et moi j’ai bobo à ma trique. Non, je déconne. C’est pas toi qui va me donner la trique. Bon Bobo, alors T’es qui, t’es quoi, merde ?! », que je fais. Ca commençait à devenir inquiétant c’t’histoire… » Le Dauphin », qu’il me dit. Ah d’accord ! Un dauph quoi. « Bon bah », je fais l’air de rien : « tu veux que je m’appelle Le Dauph, hein ? Bah allons-y pour Bobo Le Dauph, hein ? J’étais prêt à aller refaire faire ma carte d’identité. Vraiment. J’ai regardé dans le dico à dauphin : et j’ai vu en étymologie : « Matrice » ! Il ne manquait plus que ça !  Après ça, quand il a fallu sortir de ma tête et faire face à la réalité, j’ai eu un peu les boules. Le lendemain matin, j’ai commencé par dire en rigolant à mon père qui allait à la pêche, non pas en mer, mais en rivière : « Si tu pêches un dauph, surtout relâche-le à l’eau ! ». A son retour, il m’a enfin appelé Stéphane. « Non, moi c’est Bobo ! » Eh bien ma parole, mon papout qui a donné sa graine et mon nom avec ma mère, il n’a même bronché ! Bien sûr, ça lui faisait drôle, mais il se reprenait, vraiment de bonne volonté le papounet. Ca alors ! Est-ce que dès fois je serais vraiment Bobo ? Bobo Le Dauph. Remarquez, les fils de roi s’appelaient comme ça au Moyen Age sans qu’ils soient pris pour des dauph. Toujours que… J’étais bien emmerdé. Mais ce n’était que le début. Bon je m’excuse d’être long, mais c’est nécessaire. Deuxième partie du début. C’est partie. On accélère. Alors après ça. Enfin non, c’était pendant cette fameuse nuit, je me suis mis à marcher. Bon Dieu, je marchais comme un dauphin ! Dieu sait qu’un dauph ça marche pas. Et pourtant ma démarche était celle d’un dauph si j’étais un homme. Je veux dire d’un dauph qui serait dans un corps d’homme. Comme ça (imitation) Alors c’est quand on change de direction que c’est le plus drôle. Le délire quoi ! Et c’est pas fini. Je me suis mis en marchant dehors à faire des cris. Un cri bien particulier. Comme ça. (imitation)  « Pas de doute : c’est mon cri de dauph » que je me fais. Bon, les dauphs ça siffle. Bah moi je le faisais à ma façon en criant. Mais là j’fais tout à coup dans une poussée de matière grise humaine, de raison quoi : « Attend-tend-tend ! Moi ? Un dauph ! Euh… Doucement. Faut pas pousser pépé dans les orties.  J’ai pas été un homme pendant 34 ans pour être un dauph. Même sous la peau d’un homme. Ma mère et mon père n’ont pas mis au monde un homme qui s’appelle Stéphane Gentilhomme pour que comme ça, comme par enchantement, je devienne Bobo Le Dauph au bout de 34 ans. » Ouais, l’âge du christ, en plus. T’aurais demandé à Jésus : qu’est-ce que tu préfères : Devenir un dauph ou mourir sur la croix. Il aurait répondu « La croix », sans hésitation. D’ailleurs, je crois bien que c’est ce qui s’est passé. Le Poisson pilote s’est lavé les mains à cette réponse. Au fond, ça l’arrangeait bien… Mais bon, revenons à nos moutons. Ouais Hof : mouton , dauph… Vous voyez une différence vous ? Alors le pire, c’est quand je suis revenu à pied de chez mes parents à chez moi : 12 km ! En pleine campagne je me suis mis à triper grave avec mon dauph : on se serait cru dans un roman de science-fiction à la mord-moi-le nœud. « LES DAUPHS SONT PARMI NOUS ! » X-Files, quoi. Je me suis dit, par exemple : marsouin vient de martien, J’étais vert ! Putain, je croyais des choses – tout en poussant mon cri de temps à autre pour me connecter, quoi – vraiment ouf, quoi. Vraiment. Un truc de dingue. Carrément. Rondement même. Et parallélépipèdement  aussi. Je vous raconte pas, vous allez devenir cinglés ! Je me demandais quand même si j’allais pas finir par ne vouloir manger que du poisscaille – et du mulet de préférence. Et puis, et puis ! cerise sur le gâteau : voilà qu’en arrivant chez moi je me sens une douleur dans le dos. Quelque chose qui… Nan ! Y’a quand même pas une nageoire dorsale qui commence à vouloir me sortir du corps ?! Ouf ! Ca été beaucoup mieux quand j’ai enlevé mon sac à dauph… euh… à dos de trois tonnes et posé ma guitare de cinq. J’ai compris. Et là j’ai dit, droit comme un piquet, les yeux comme ça : « Dauphs ! tu m’auras pas ! Je m’appelle Stéphane Gentilhomme, et je suis fin!»

 

  Ah le con !

 

  Il a pas démordu comme ça. Bon, j’ai un peu fais un peu le ménage dans ce que j’avais vécu. Je me suis dit : « Après tout, c’est plutôt tripant. Maintenant que je sais que je ne suis pas en métamorphose comme Kafka qui s’est transformé en scarabée, bien que de manière non effective, mais fictive, soyons un peu détective auprès de mon dauph qui m’a demandé de parler pour eux. Ah oui c’est vrai j’vous l’ai pas dit ça ? Bon bah c’est dit. Mais qui dit « dit » n’est pas fait, hein ?

 

   Moi, il me fait chier mon dauph. Et puis il me font chier ces putains de dauph d’leur mère.

 

   Qu’ils aillent se faire voir chez les grecs. Les grecs c’est les copains des dauphins depuis  Homère chérie-fais-moi-peur. Qu’ils s’occupent d’eux, merde. Qu’ils aillent voir l’ambassade grecque là-bas, ces gais lurons.

 

   Tiens ça me fait penser un truc. Ouais un souvenir de Grèce. Ouais, j’ai été là-bas, dans ces îles qui finissent par « os » : Paros, Naxos, Délos, Mykonos… Non, pas pour ce que vous croyez.

 

  Bon, je vous préviens ça va être un peu long, vous allez pas comprendre pourquoi je raconte ça, mais, merde, ça botte bien de dire ce qui me vient, ce qui me plaît de raconter. Et puis vous allez voir c’est pas sans rapport.

 

 

 

   En partant d’Ancône en bateau pour la Grèce, après avoir perdu un marocain – Inch’Allah ! – je trouvais un anglais. Il s’appelait Gary. Il habitait à Nothingam. Je n’avais pas fait le rapprochement au début avec « Robin in wood » Il se trouve que le nom de mon nouveau compagnon de voyage était Fox. Ca ne vous fait pas rire ? Fox ! Renard ! Robin des bois dans Walt Disney! Franchement, mes dons de comique me surpassent. Gary allait voir un ami en Crète. Il aurait pu m’y inviter, non ? Bah, non. Crétin ! Enfin, j’ai un peu rigolé avec lui. Sur le pont du bateau, je lui ai dit : « Jump, and the dolphins help you ! » Pour ceux qui sauraient pas leur latin,« Dolphin » veut dire dauphin en anglais. Et la traduction, c’est : « Saute, et les dauphins te secourrons ! » Il ne l’a pas fait, le renard. Alors, je me suis dit : « Polo, à toi de jouer. » Ouais parce que en ce temps là je m’étais donné le nom de Polo. Polo Marco. Donc, j’ai sauté et je me suis retrouvé comme Ulysse en train de faire du surf sur la mer Baltique et je suis arrivé à Patras. Ah si c’était vrai… Où est la Grèce d’Homère ? Je croyais qu’un dauphin m’aurait escorté jusqu’à la terre delphique. Ouais, comme le dieu Apollon qui lui s’est carrément transformé en dauph pour pouvoir aborder la terre menant à Delphes tout ça pour mieux se connaître et connaître comme ça les dieux et le monde – suivant l’oracle préféré de Nikos ! Au lieu de ça, moi, je me vois prosaïquement transporté, grossièrement, si vous voulez, jusqu’à un port minable nommé Patras, où j’y vois autant de voitures, autant de portables qu’à Polopolis, dans ma Gaule natale. Je rêve ! Ah ! Original… Une putain passe en mobylette, les cheveux aux vents. Tiens. Me voici dans un bus style années 60. Sur le tableau de bord, un bouquet de fleurs et mieux, le dernier gadget sorti : un mannequin de berger allemand assis, assez penaud, face aux passagers, et qui tire la langue, l’air heureux, en dodelinant de la tête. Ah ! j’arrive à Athènes. Je n’ai jamais vu autant de camions et de voitures de ma vie. J’hallucine. L’anglais m’a laissé tombé. L’hôtel n’était pas cher pourtant : 400 drachmes avec des blattes en bonus, ça ne se refuse pas. C’était le 29 septembre, mes amis. 29 septembre 2001. Ca vous dis quelque chose ? Bon. Nous voici le 30 septembre. Je me réveille dans ma chambre paradisiaque vers 11h. A ma grande surprise j’ai retrouvé une blatte en dessous ma chemise que j’avais intentionnellement mis sur une table, comme les autres affaires. Vraiment, Je ne croyais pas ces bébêtes capables de tels exploits. 31 septembre– ah ! Un vrai journal de bord que je vous déballe, vous ne vous y attendiez pas. Allez, faisons mine de lire :

 

« Aujourd’hui  il m’est arrivé des choses, des choses, mais cette fois vraiment des choses.

 

  « Après m’être promené en bas de l’Acropole, endroit calme et charmant où je rencontrai une petite tortue de 3 ans sur des marches en pierre, je me dirigeai vers la Plaka, quartier célèbre d’Athènes pour son pittoresque. Tandis que je cherchais le théâtre de marionnettes, un homme en chemisette blanche assis à une table, me voyant chercher, m’adresse la parole. Je lui dis que je suis français, il m’invite rapidement à prendre un verre. Je le suis. On quitte tout en conversant la zone animée pour une rue plus silencieuse. On descend des escaliers. L’endroit est très sombre. Seules des lumières jaunes et diffuses éclairent la salle. La lumière est jaune. L’homme d’une quarantaine me fait asseoir à une table et il me présente immédiatement à une fille, très jolie.. Il me fait faire une poignée de main chaleureuse entre moi et elle. Il me fait asseoir et me laisse avec la poupée russe qui très avenante et joyeuse me pose pleins de questions en anglais. « What’s your name ? (Quel est ton nom) – Polo (Polo) – Where do you come from ? (D’où viens-tu ?) – Brain zion (Brain Zion) »… Entre temps il nous est apporté des verres et de l’alcool. Je trinque avec la fille qui me fait épeler son nom dont je ne me souviens hélas plus. Ce que je sais c’est qu’elle est d’origine russe et travaille ici. Elle est toute émoustillante. J’ai un début de bandaison. Surtout qu’elle n’arrête pas de me faire des accolades. Je n’ai pas l’habitude d’être touché comme ça, surtout par une fille. « Have you a girl friend ? » (As-tu une copine?), me lance t-elle. – No. Euh… I have never a girl friend… (Non. Euh… Je n’ai jamais eu de copine.) – No ! right ? Never ? (Non! C’est vrai ? Jamais ? – Never…(Jamais)  – Never ! » Ca la fait marrer et elle répète : Never ! Never !… ajoutant quelque chose que je ne comprends pas. Elle trinque. Je trique un peu. «  Do you want to dance with me ? » (Veux-tu danser avec moi?” qu’elle me demande. – Yes, if you want. (oui, si tu veux) » Sur la piste, il y’a déjà un ou deux couples. Une autre belle fille, blonde, moins charmante pour moi, me sourit. Je ne sais pas où mettre mes mains. La fille m’aide. Non, Polo, ce ne sera pas aux fesses. Je me prépare à un éventuel rapprochement des corps. Mais non. On danse le slow dans la position de la valse. «  It’s a good music » qu’elle me dit. Je réponds que oui, bien que je ne l’aime pas particulièrement. Je lui demande : «  What music you like ? » (Quelle musique aimes-tu)  – Pop music . And you ? (Pop music. Et toi? – All sortes of music. Rock, Jazz, Classique, music of world. All. Toutes sortes de musiques. Rock. Jazz, Classique) – Ah ! (Ah) – And you, you don’t like other music than pop ? (Et toi, tu n’aimes pas d’autres musiques que la pop ?  – Euh sometimes I listen other music. » (Euh… Dès fois j’écoute d’autres musiques)  Je commence à comprendre son style.. La chanson finie, on va se rasseoir en se tenant par la main. On bavarde à nouveau. Elle n’arrête pas de trinquer en riant. Je lui demande : « What is your work here ? » (Quel est ton travail ici?)    Srip-tease. (Strip-tease.) Il n’y a pas de doute pour moi quand au lieu où je me trouve. Je lui dis : « Do you like that ? » (Aimes-tu ça?)  – Not too much… (Pas trop…), qu’elle me répond, je crois. But it’s my job… » (mais c’est mon métier.) Elle trinque. Ca devient de plus en plus pressant. Un serveur vient à moi et me présente la note : 51000 drachmes ! Ce qui fait environ 1000 F (Oui c’était là dernière vague de monnaies nationales) Je dis que non ce n’est pas possible. «  Too expansive. » (Trop cher) Il me fait voir la note. Je lui fait répéter et lui dit plusieurs fois : «  it’s not possible » (Ce n’est pas possible) Il commence à s’échauffer. «45000, it’s the price of champagne ! » (45000, c’est le prix du champagne !) Je comprends vaguement ce qui m’arrive. Je me souviens bien qu’il m’a été posé au début la question « Do you want champagne ? » (Veux-tu du champagne ?) en plein milieu de ma conversation avec la fille. Et que j’ai répondu sans réfléchir : « Yes ! » (Oui !) Alors je me dis que c’est peut-être vraiment le prix. Il y’a bien, après tout, des bouteilles de vin dans ce prix là. En même temps, j’ai l’impression qu’on m’arnaque. Je me défends comme je peux dont mon exécrable anglais. Je lui dis en gros qu’un monsieur m’a invité (sous-entendu un ami) et que je n’ai jamais demandé de champagne, que je croyais que ça m’était offert par la maison. « Who is the man ? Where is he ? » (Où est l’homme? Où est l’homme?) Je me trouve bloqué. Je n’ose pas l’accuser. C’est moi qui a eu tort d’accepter. Le piège s’est refermé sur moi : « It’s not possible… It’s not possible… » (C’est pas possible… c’est pas possible…) Il doit y avoir une erreur. Je vais même jusqu’à lui demander un crayon et je note le prix du champagne ( de la petite bouteille que je vois à présent sur la table) : 45000 drachmes. « No, I can’t paie that. Too expansive. (Non, je ne peux payer ça. Trop cher.) – Why is you here then ? Why ? » (Pourquoi es-tu là, alors, pourquoi ?) Je lui répète que c’est l’homme qui m’a invité et ajoute que c’est la première fois que je vais à un night club. Il se calme un peu et me propose de payer 11000 F ( Le champagne plus la bière). Abasourdi, je cède, je sors un billet de 10000 et un de 1000, ce qui me fait en tout plus de 200 F quand même. Mais je me sens davantage humilié par l’abus de confiance que par le prix. Je regarde la fille et la gorge serrée lui dit : « Sorry » (Désolé.) avant de sortir. Voilà, Polo, où t’a mené ta naïveté. Tu pensais qu’enfin tu ferais connaissance avec un grec, que tu noueras un lien. Pauvre de toi. Polo, Polo, le monde a rarement  des intentions aussi pures que les tiennes, enfonce-toi bien ça où tu veux. Et puis méfies-toi des belles filles trop expansives. Tu pensais vraiment que tu trouverais peut-être en elle l’Amour, que tu ferais l’amour avec ? Ravales tes rêves. Tu n’es qu’un guignol dans ce monde. Quel con ! Tu étais averti en plus, tu l’avais même noté que la Plaka était un piège à touristes. Non je ne suis pas un touriste. Je suis un voyageur ! un voyageur qui se laisse avoir… Mon cœur doit-il changer pour autant ? Dois-je pour me faire une place dans ce monde, m’endurcir, dois-je me mettre à aimer l’argent ? L’argent… l’argent toujours, toujours. Ne pleure pas Polo, reste comme tu es. Courage. Après tout, tu es encore là. Vivant. Y’a que ça qui compte. Oui, pleure si tu veux. Il faut. Polo, Polo, Polo… Faut que j’téléphone à maman. Et ce soir j’irai au night club. Et je lui ferai un numéro avec ma marionnette qui sourit. Je les épaterais. Je me dirigerais vers la fille déshabillée et crierais « Thalassa ! Thalassa ! » (Mer ! Mer!) Ma marionnette regardera entre ses jambes : « Oh ! I see some dolphins ! You don’t believe me ? Come on  and look ! Ohé ! Dolphins ! I want to play with you. I come. I jump. Oh ! like the sea. But it’s hot. It’s very good. I’m happy like a fish in water » (Oh ! Je vois des dauphins! Vous ne me croyez pas. Venez et voyez ! Ohé ! Dauphins ! Je veux jouer avec vous ! J’arrive. Je saute. Oh ! c’est comme la mer. Mais c’est chaud. C’est très bon. Je suis heureux comme un poisson dans l’eau. » Ma marionnette caressera son corps. Je monterais aux seins : « One for me, one for you. » (Un pour moi, un pour toi.) Rires et applaudissements. Ce sera du grand art. La fille sera aux anges. Ce sera comme la 10ème symphonie de Beethoven. On en redemandera. Le patron voudra se faire de l’argent par mon succès. Je dirais non, ça ne m’intéresse pas. Que moi ce que j’aime, c’est des choses qui ne se commandent pas, qui tiennent de l’improvisation, non du calcul. 10 octobre : Vraiment, je suis le plus grand poète de tous les temps. Parce que même quand je pète y’a un peu de poésie qui s’exprime. Les gens ont du mal a voir toute la poésie d’un pet…

 

 

  Bon j’arrête là. je crois qu’on a pris la bonne bouffée d’air pur qu’il nous fallait avant de reprendre de bon pied le court de mon récit loufoque.       Vous vous rappelez de mon dauph !?

 

  Il m’a soufflé un jour que je lui vantai nos chef-d’œuvres artistiques : « La Joconde, tu connais ? »

 

Ah ! le con ! « Si  je connais pas ça ! que je lui fait : Le grand Léonard de Vinci ! » Eh bien vous savez pas ce qu’il me répond ce con-là : « La Joconde, c’est nous », du genre provoc à la Salvador Dali qui aurait pondu un jour au pape André Breton : le Surréalisme, c’est moi ! » Ah ! Il ne lui manquait plus que les moustaches pointées vers le haut comme des antennes à mon dauph ! « Comment ? » que je lui fait  « Tu te fous de ma gueule, hein ? » Il me dit : Moi ? Mais c’est toi qui se fout de ma gueule en feignant de ne pas savoir que Léonard Vinci a étudié les dauphins 20 ans de sa vie pour faire sa Joconde : dis-moi quel modèle il pouvait prendre pour faire un sourire qui ne soit pas un sourire ! »

 

Ah le con ! j’y avait jamais pensé.

 

Il a eu le culot d’ajouter : Bien sûr l’Art ! l’Art ! mais que de souffrances souvent pour pondre  un ou une poignée de chef-d’œuvres, mon pote. Quand tu penses à Picasso qui a passé toute sa vie à se défaire de son savoir académique pour faire un dessin d’enfant qu’il n’a réussi qu’à singer. Tu veux savoir vraiment ce que je pense ? Le dauphin est, l’homme devient. Mais qu’est-ce qu’il devient con ! Pas toujours mais souvent. L’enfant est, l’adulte ficelle son être et il lui dit comme ça, mon fils, ma fille, je suis fier de toi : t’es devenu ! » Bah oui il est grand ; il pleure plus. Ou en silence. Et il respecte bien toutes les conventions de la sociéty, comme qu’a fait pépé, mémé, arrière pépé, arrière-mémé jusqu’à une centième génération en arrière de pépé et de mémés frustrés. Il devient un citoyen frustré exemplaire. Frustré, mais exemplaire. Ca oui ; surtout après avoir fait perdre des vies pour le salut de la patrie : t’as droit a une médaille pour redorer ta conscience. Ou alors, t’as le marginal, le déserteur, le poète. Lui, pour l’exemple, c’est râpé. Après bien sûr, ça devient des chef-d’œuvres : ça a fini une fois en autoportrait à  l’oreille coupée.  Pauvre Van Gogh ! Il l’a bien mérité son essai : « Van Gogh, le suicidé de la société. », il l’a bien mérité sa place dans l’histoire de l’Art et son oreille coupée. Faut souffrir pour être beau. Alors pour créer de la beauté, il va de soi qu’il faut souffrir. Maintenant, prend, par exemple, euh… j’sais pas…un dauphin. C’est pas pour la gonflette. On se reconnaît beau. Regarde-le. Sonde le : t’as un chef-d’œuvre. Mets cent dauphins ensemble, pas dans une arène aquatique, mais en pleine mer, regarde-les : t’as le Grand-Oeuvre !

 

Ah les cons !

 

Non mais a quoi ça sert les dauph. Ca ne va pas à l’usine. D’ailleurs ça ne bosse pas du tout, c’est simple. Ouais alors ils peuvent faire leur fier avec leur bosse à la tête – leur melon – Chapeau ! Il leur manque plus que les bottes de cuir ! J’en suis sûr qu’ils n’ont même pas leur permis de conduire. Remarquez, ça n’a pas le permis de nager et ça nage. Et ça saute ! foutument bien. Question permis de conduire, les dauphs sont tellement à la ramasse spirituellement, ils ont si peu, je devrais dire si pas d’esprit qu’ils l’auraient leur papier rose , ils ne s’en serviraient même pas, ces cons-là. De toute façon, ils ne connaissent même pas le code de la route. Ignares. Ignares et branleurs comme pas deux. Branleurs d’ailleurs plus qu’ignares. Les dauphs qu’est ce que ça produit : que tchi ! Si ! des clic-clic et des sifflements de ziozios de me couilles.

 

J’lui ai dit un jour à mon dauph : Vous pourriez foutre quelque chose sur cette foutue planète –  être rentable, quoi.

 

Il ma dit mon dauph : ouais ouais, on connaît la chanson. Tralalilalère. Produire plus pour détruire plus. Consommer plus pour aimer plus ! Plus, plus, plus. « Le travail rend libre, c’est bien connu ! – poil au cul ! –  Y’avait de drôles de fours à pains chez vous – Poil au cou ! – dis, y’a 60 ans. Il avait raison l’homme à la moustache carrée… – Poil au nez ! –  « Le travail rend libre » : libre la fumée… – Poil au nez ! – par la cheminée ! – Poil aux nénés ! – On pouvait entendre chanter des petits juifs – poil au pif –  faire cui-cui…  – poil au zizi ! – … dans le ciel… – Poil au…

 

  Ah ! le con !

 

« Nan, mais, je lui fais, tu serais pas du genre exagérateur pour comparer notre époque à celle-là. Et d’abord, à ce que je sache vous ne vous êtes pas mouillé dans l’affaire. Pas un dauph n’a donné un coup de pied au cul à la croix gammée. Vous n’avez rien fait pour faire capoter le système. C’est bien simple, vous étiez inexistants. Quand un soi-disant ami de l’homme existe, on fait pas la carpe comme vous avez fait. Il manquerait plus, maintenant, qu’en plus du RMI, on vous tire de votre merde. Et combien tu me payes, mon dauph, pour faire ce boulot ? Que dalle !»

 

Ah le con ! Vous savez pas ce qu’il me répond : Rien. 

 

Ah ! les cons ! En fait y’a fort à croire qu’cétaient des colllabos.  J’me suis pas privé de lui dire : « Pendant la guerre froide, vous n’avez pas dit non à vos missions militaires données par amerloques et soviets : repérage de plongeurs et d’objets suspects, pose d’explosif, déminage…. Bon là, faut être un peu maso, kamikaze sur les bords. Mais bon, vu ce que vous avez été capables de faire, on peut se poser la question si vous n’auriez pas dit oui, au cas où vous en auriez été physiquement capables, pour larguer la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki. Moi, j’ dis qu’on fait bien de vous mettre dans des cirques marins – vous savez, les dauphariums – là au moins vous êtes utiles, vos numéros de clowns et d’acrobates rapportent pas mal, et en plus, les gens applaudissent et en redemandent, radicalement tombés sous le charme de votre sourire permanent ! Vous du bonheur. Voilà votre vocation : donner du bonheur ! A n’importe quel prix ! Vous êtes malheureux ? les pauvres petits ! Soyez un peu philosophes. Non mais, vous ne vous rendez pas compte de votre chance de donner du bonheur ! C’est pas donné à tout le monde ! La liberté de la mer ! Laissez-moi rire ! La mer, c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans. Et vous, vous êtes pas des poissons ! Vous méritez mieux que ça, que cette vie sans sens, sans grandeur. Prenez exemple sur Flipper ! en voilà d’un dauph exemplaire. Enfin, en voilà des dauphs exemplaires. Il en a fallu six pour un même personnage. Ouais, six dauphs en quête d’un personnage. Remarquez, il a fallu six Gérard Depardieu pour faire Cyrano de Bergerac, et on s’en ai pas rendu compte. Ah ! ça pas été facile, mais le résultat est là. Bah c’est pareil avec les dauph  A qui la faute si ces cons-là, ils clapsaient dans nos mains humaines au bout de dix épisodes ? Mais c’était pour la bonne cause. Vous savez, la série a enchantée beaucoup plus d’enfants que tuée de dauphs ! Ah ! Kathie le dernier Flipper, elle a bien flippé de finir comme les autres. Elle a eu de la chance. Son dresseur a eu pitié d’elle (pareil pour le dernier Depardieu !). Oui, il a cru comprendre que Kathie, comme tous les captifs, était malheureuse. De quelle illusion l’homme est victime, dès fois. Quel anthropocentrisme ! Voilà comment de héros, on fait des martyrs ! Il manque plus qu’on chante à l’unisson de Pierre Perret (mimes infantiles):

 

    Ouvrez, ouvrez la cage aux dauphins

 

    O Regardez les nagez enfin

 

    Les enfants si vous voyez

 

    Des p’tits dauphins prisonniers

 

   Ouvre leur la porte vers la liberté….

 

Quelle mièvrerie !. non , non, pour faire cette chanson, détrompez-vous, c’est pas un stage chez les dauphins qu’il a fait cui’là, ni chez les oiseaux d’abord, mais avec Chantal Goya en personne!

 

  Faudrait peut-être rendre à la liberté à des bêtes qui meurent de s’être cogné la tête contre leur bassin ? Malades ou pas à l’origine, j’veux pas savoir : est-ce qu’on a idée, nous, même avec 39 de fièvre ou une bonne encéphalite, de se tuer en se cognant à la piscine ?

 

  Alors, le truc qui me gonfle encore, c’est les revendications d’espace. Ils veulent toujours plus d’espace. Non seulement en superficie, mais en profondeur. Même pas reconnaissants envers les progrès. Le premier Marinland créé en 1938 en Floride, n’était profond que de 3, 65 m. Celui de France, à Antibes, créé en 1970 en offre 10 ! Plus du double ! Presque le triple ! Alors, il m’dit, mon dauph : Ouais, mais on peut pas faire nos plongées de 300 m habituelles, et encore moins à 600 pour chercher notre pitance ». Je lui dis : Mais tu t’imagines quoi du pourquoi y’a pas de baleines dans les delphinariums ? On pourrait, question superficie. Mais question profondeur ! T’imagines que parce qu’elles font, elles, des plongées jusqu’à 3000 m qu’on va faire creuser des fosses de  30 m rien que pour être proportionnellement juste avec les dauphs?

 

Ah ! le con !

 

Si la baleine à bosse a la bosse du chant, le dauph il a… Il a quoi déjà ? Ouais, bah ils me broutent ces dauphs. Ils préfèreraient quoi ? Etre empaillés ?

 

Vous savez pas ? Il y’en a – des hommes ! – pour croire encore aux histoires légendaires, aux histoires de miracle – au XXème comme au unième siècle –  comme cette dauphine Oline qui a redonné parole à un sourd-muet congénital en conséquence que  la tribu était un peu devenue la Famille Tuyau de Poëlle ou de cette petite Heidi de 6 ans qui ne pouvait s’exprimer qu’en chialant et qui grâce à la rencontre avec cette même Oline qui a sauvé le sourd-muet Abid’Allah arrive à s’exprimer en souriant. Qu’on trouve ce genre de fables chez les anciens grecs, OK, mais qu’on en invente à l’heure de la pointe du progrès qui a encore de la marge avant de trouver un mur, ça non, ça me dépasse. C’est de la superstition de croire qu’un humain atteint d’un cancer peut se payer le luxe de se soustraire au bienfait de la chimio par le simple contact avec un dauph.

 

  Alors, attendez la meilleure : Patrick Bruel, le seul chanteur qui a réussi à nous casser les couilles en se cassant la voix, voilà qu’il se la joue ami des dauph en faisant le récit avec envolée de violons que sa femme a accouché merveilleusement bein parmi ces baleines miniatures. Monsieur Le Président raconte la même chose à propos de l’ex Madame du président , je le crois. Mais ce bouffon nain, non !

 

  En fait y’a mieux :Mais alors, là c’est une tartine. Pour digérer faut se lever le matin de bonne heure ou faire 20 tours d’une table à cloche-pied. Il y’en a pour croire – accrochez-vous – que les dauphs et les bals étaient terrestres il y’a 55 millions d’années. Oui, oui. C’est pas de la fumette. On a retrouvé au Pakistan en 1993 des fossiles de baleine avec des pattes – bon Dieu ! Bref, il y’a 70 millions d’années l’ancêtre du dauph vivait dans l’eau comme aujourd’hui. Un jour, attiré par un trésor inconnu sur une île, il en sort. Ouais, ouais, y’en a un de dauph qu’a dit : Là, y’a un trésor sur l’île. Les autres ont dit : Ouais ! On y va ! Tous sur l’île au trésor ! Et ils se sont passés le mot: tous les dauph et bals ont débarqué. La perspective du pactole leur ont donné des pattes. Oauis, mais voilà, une fois dessus, ils ont découvert que le pactole qu’ils n’avaient que senti de loin mais pas vu, il avait drôle de mine. D’ailleurs, il n’avait pas de mine du tout, il n’était pas matériel. Les pirates sont dégoûtés. Vivre sur terre s’avère très vite inconfortable. Attention, science au tournant (comme les infos d’un robot):

 

  1 –  Trop de pesanteur :  énergie gaspillée,  bien-être diminué.

 

2 – L’air pousse moins loin son sonar que l’eau : communication et recherche de nourriture plus difficile. Prédateurs moins bien détectés

 

3 – Air moins bon conducteur d’énergie vitale que l’eau. Résultat : mal-être. 

 

4 – Température de l’air change plus brutalement que dans l’eau. Pour y remédier : inventer un cuirassé du tonnerre.

 

Bah on comprend maintenant pourquoi on est si malheureux sur terre !

 

  Mais attention, pour s’adapter à son nouvel air ambiant, son cerveau s’adapte – eh ! il a pas le choix !  –  : il apprend à anticiper, il conçoit des idées abstraites, bref il devient une vraie machine à penser, un jedi du mental ! Et le simple fait de penser le coupe de ses sens, l’empêche de sentir les émotions de ses congénères (qu’est-ce qu’on peut générer, dès fois), ainsi que des autres bestioles. Mais surtout, il connaît une nouvelle émotion : la peur, provoquée , vous l’avez compris, par une baisse d’énergie vitale. Alors qu’est-ce qu’il fait le pauvre dauph, il apprend à voler l’énergie de ses frères. Et pour cela qu’es-ce qu’il fait ? Il apprend à les dominer…Pas ses peurs, –  ses frères ! Mais sous pile, y’a face : et le côté positif, c’est que notre dauph prend conscience peu à peu qu’il existe, et qu’il fait partie d’un tout, d’un univers où chacun a sa place et où chaque action, chaque pensée a des répercussions. Il devient un animal interactif, avec le pouvoir de changer le monde extérieur, de se faire des ennemis ou des alliés suivant son comportement. Fort de toutes ses nouveaux outils, l’ancêtre du dauph revient petit à petit dans la mer. Ses apnées s’allongent en temps, ses pattes se transforment en nageoires, et il quitte définitivement la terre ferme.  C’était il y’a 55 millions, 30 milliers et 503 années avant J-C entre 23h et minuit. Et nous, 51 millions, 15 milliers et 7 années après – faites le calcul pour savoir où ça se situe avant JC, eh bein notre ancêtre est sorti de l’eau. Quelle coïncidence ! 3 millions d’années ! C’est le temps de séjour des dauphs et bals sur la terre ferme ! Vous y piger quelque chose ? Ah ! Vous ne savez pas surfer sur the new wave of the New Age, la nouvelle vague de l’Age Nouveau.

 

          Je lui dit un jour : Allez arrête tes conneries : Il me dit : « J’ai pas des arrêtes, j’ai des os ! » AH-AH-AH ! Et depuis quand que tu te prends pour un mammifère ? Je ne sais pas si t’as des os mais en tout cas ta connerie elle est ossue. »

 

Ah ! le con !

 

  Il paraît que vous êtes des bébêtes très intelligentes. Des sortes de surbêtes. On dit que vous connaissez même le langage des oiseaux. Ouais, bah, on veut bien le croire, mais il serait p’têt temps maintenant de vous mettre à la langue de Shakespeare ! Enfin, moi j’dis que les grecs de l’antiquité ne devaient pas avoir beaucoup de cerveau pour qu’il vous nomment l’ « esprit de la mer », parce que le jour où la mer aura un cerveau, il tombera de la merde ! Bon, Bob, si Shakespeare est trop corsé pour toi – why not – To pige or not to pige, that is the question! – eh bien apprend au moins le minimum du minima social: la verte langue.

 

Bon allez, je t’apprends. Premier cours. Gratos en plus. C’est une fable. Elle n’est pas sortie de la cuisse de La Fontaine, celle-là. Ecoute.

 

Un hanneton volage

Près d’une pie passa

 

Mais l’oiseau fort sage

 

Ne le happa pas.

 

         Moralité…

 

  Alors, moralité. Tu trouves pas ? C’est pourtant simple. C’est le BAB de l’intelligence. Moralité :

Quel gros morceau

Que la pie n’happa pas

 

  Ah ! le con ! Vous savez pas ce qu’il me dit ? Mon papa appelait maman ma lapine. Et maman c’était un gros morceau.

  Ah ! le narvalo !

 

  En fait, à part votre cousin le narval qui se prend pour Zorro en embrochant paraît-il des fétans de la pointe de son épée, il y’a pas plus narvalo qu’un dauph.

 

   Et puis, vous êtes pas des anges non plus – qui fait l’ange fait la bête, c’est bien connu. Eponge passée sur vos attaques de requins pour légitime défense, il me semble avoir lu quelque part que des mâles pourchassent et violent des femelles, et que vous massacrez parfois vos congénères. Des cons générant de la violence, voilà ce que vous êtes en réalité. Si vous aviez la technologie qu’on a à disposition, vous seriez nos égaux en cruauté, en grossièreté, en brutalité, en atrocité, en férocité, en bestialité – Ouais, je mouline - enfin en perversité, en inhumanité… Ouais, je dilue. C’est pas facile. Je sais qu’c’est pas facile à entendre. J’fais c’que j’peux.

 

   Y’a qu’la vérité qui blesse. Mon dauph, vous savez pas ce qu’il me dit, ce con-là : « C’est assez ! C’est assez ! C’est assez ! C’est assez ! »    comme un disque rayé. Il a été long à la détente, mais une fois qu’cest partie, c’est fini ! C’est assez con un dauph. On le dira jamais assez… « C’est assez » - Ta gueule ! « C’est assez ! » - Ta gueule ! « C’est assez ! »  - Ouais bah c’est assez des « C’est assez.»  Alors ta gueule ! ta gueule ! ta gueule ! » Il a quand même fini par fermer sa grande gueule, ce requin-marteau !

 

   Ah ! le con ! Mais j’y pense. Va falloir peut-être que j’arrête de dire « Ah le con » Non pas qu’il est pas con. Mais je suis là en train de plagier la séquence d’un film d’un de mes potes. En ce moment, il doit être en train de dire : Ah le con !

 

   Mais pour en revenir à mon dauph : Bon, que je lui fais à rebrousse-poil, avec un poil de pitié pour lui, parce qu’il était con mais pas méchant dans le fond : Allez, boude pas. Parlons d’amour, tiens !

 

   Il me dit soudain comme joyeux comme des bulles de champagne : « Les dauphins ne parlent  pas d’amour à ne plus savoir qu’en faire, mais qu’est-ce qu’ils le font ! » Et ça le faisait marrer. Ma parole, il riait comme une baleine.

 

  Ah ! les cons ! Enfin là j’ai envie de dire : Ah ! les salauds !

 

Nan mais franchement, ils ont des côtés répugnants, des vrais bêtes de sexe, mais alors !  Il suffit même qu’une poupée humaine se baigne avec eux pour qu’ils aient envient de faire la planche à touche-touche. Quelle bande d’homophiles. Alors, y’en a qui disent que les dauphs sont beaucoup plus folâtreurs que baiseurs. Tiens, (en se mettant le doigt à l’œil)mon cul !

 

  Vous savez pas c’qu’i m’a dit mon dauph ? Faut pas s’inquiéter, on sait très bien que vous n’avez pas d’assez gros trous. Oui, on sait très bien que vous ne pourrez pas survivre à une bite de dauphin dans le cul. Pareil pour les cons.

 

  Ah les cons !

 

  Les prétentieux ! ils pensent en avoir une plus grosse que nous. (regard penaud vers l’endroit). Bah c’est pas une raison. C’est pas avec une grosse prétentieuse de queue, euh… paresseuse, qu’on fait des miracles. Et puis d’abord, c’est trompeur, parce que la baleine bleue  qui mesure 35 m, elle en a une toute petite par rapport à sa taille globale : 2, 40 m : c’est ridicule, toute proportion gardée. En gros, toutes proportions gardées, la mienne est plus longue de 3 cm. Bah oui, la sienne faisant 12 cm en réalité, toute proportion déplacée : 12+ 3, ça fait quoi, hein ? Alors, toi, mon dauph, poupougne ! D’abord, sur ce point là, on peut se serrer les coudes face à la puce. Quoi tu dis ? Couilles ? Ouais c’est ce que j’ai dit. Ouais donc… Quoi ? Ah !… Coude. Bah t’as pas de coude ; la seule chose qu’on peut faire c’est se serrer les couilles, et arrête de m’interrompre par ce que tu commence à me les casser. Bon, je disais : son pénis, à la  puce, il fait le quart de sa longueur : donc pour l’égaler la baleine en devrait en avoir un de 8, 75 m et moi un de 43, 5 cm. Et toi tu te situes quelque part entre les deux. Mais pour égaler la puce on a encore du chemin toi et moi et la baleine : son pénis officiel battant les records, en plus, elle a deux pénis en plus. Ouais ! deux quéquettes subsidiaires !Si !Si ! demande-moi pas ce que ça veut dire. Regarde dans le Quid ! »

 

   Hey ! Vous savez pas ce qui m’a dit mon dauph pour prendre sa revanche ?  « Quatre-vingt dix neuf pour cent des dauph prennent leur pied en baisant. Et il a ajouté : le 1 % c’est pour la charité. » Quelle modestie !

 

  Moi je dis que tous les dauph devraient paraître en procès verbal pour atteinte à la pudeur humaine. Non seulement ils ne portent pas de culotte, mais en plus ils disent vous savez quoi ? (se rapprocher du public) Un jour j’ui ai demandé à mon dauph ce qu’il pensait de… (tout bas épelle)i.n.c.e.s.t.e.

 

Il m’a répondu avec son sourire narquois, sans façon: «OK, mais en famille ! »

 

Ah ! les cons ! J’parie qu’ils approuvent la delphineauphilie. « Ah bah oui, tant qu’i y’a accord des deux parties » Bah ! tiens, donc !  Aucune moralité, ces dauph ! J’en voudrais même pas comme beaufs, des dauphs.

 

Et après ça ils espèrent peut-être, ces charlots des mers, que je vais aller me ridiculiser devant mes frères humains au risque de finir comme l’autre Coq louche ? Alors, euh… c’est l’histoire d’un mec, hein ? qu’est au bord d’une rivière. Il met un pied dans l’eau, il met deux pieds dans l’eau, il met trois pieds dans l’eau… Et là, y’a un dauph qui saute et lui pince le nez au passage, et il devient tout rouge, le nez. Le nez pincé, le mec y fait : « Et vous trouvez ça drôle ? » Il se dit quand même, le mec, qu’y a un SCHIMMILIMILLIMILICK là-dessous. Le dauph, il lui pas fait ça pour rien. Alors le mec, y se dit, comme après une illumimimimination divine : Président ! Faut qu’j’sois président. La raie publique, comme disais un voisin illululululuminé, a besoin de moi ! Résultat : on finit par le croire, le guignol. Ce Coq louche genre qui fait cocorico, mais louchement, voir en louchant, voulant faire de la politique de forme après avoir fait vingt ans de politique de fond sur scène, c’est plus que louche. Ouais, et en plus – pensez donc, il est plus populaire que jamais. Y va p’têt bien sucrer notre place se disent certains inquiétés. Et comme ça, un jour, en pleine campagne, le drôle qui veut faire de la politique avec un nez rouge, il prend sa moto – boum, dans le décor ! Le lendemain on annonce à la télé, à la radio et dans tous les canards : « Le meilleur président qu’on aurait eu a trouvé la paix dans un accident de moto – sa grande passion » Super ! « Notre grand comique à la salopette bleue sur fond jaune nous a quitté hier soir. » Sans même nous dire au revoir ! Tchao, pantin ! Vous trouvez pas ça louche vous ?  Alors avec tout ça, vous croyez, vous les dauphs de mes deux que je vais lever le petit doigt : pour dire « Eh ! mes sœurs et mes frères, les dauphs n’en peuvent plus de nos conneries. Sauvons-les. En les sauvant on se sauvera ! »

 

Bah désolé, moi je me sauve. Je vais manger mes patates dauphines.

 

 

 

(part, puis revient)

 

 

Ah ! Au fait ! Si vraiment les dauphs étaient dans la panade, si vraiment il y’avait urgence, hein, la constellation des dauphs nous ferait signe au secteur est, à côté de celle du cygne : On verrait là cinq clignotants rouges et là, on va dire un mètre en dessous à vue d’œil, les 13 de la constellation de la bal, en parfaite synchronisation, ou même avec un léger décalage.

 

Pardonnez, cher public, ce léger décalage dans ma sortie officielle. Au revoir. Et … Euh… Hein ? A domph !

 

 

(sort de scène comme il est rentré.)

 

 

 

(Noir)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
Histoire de plume, plume de lune
  • Stéphane Gentilhomme, 39 ans : UN POÈTE français du XX-XXIème , UN ÉCRIVAIN aux multiples quêtes (de forme et de fond) et plein d'humour. UN ARTISTE panaché qui explore l'âme et différents étages de l'être. Public Ad 90% , E, 10%)
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